Epaisseur d’une chape de mortier

Quelle est l’épaisseur minimale d’une chape de mortier ?

Un paramètre clé pour la durabilité de l’ouvrage

Pour réaliser une chape de mortier durable, il est impératif de respecter les règles de l’art au niveau du choix de l’épaisseur. L’épaisseur minimale à prévoir est tout aussi importante que la qualité de la chape et de celle de du support sur lequel vous allez la couler. En effet si l’épaisseur est insuffisante, il est fort probable que votre chape trop fine fissure rapidement du fait de sa résistance insuffisante au regard des charges pouvant être appliquées à sa surface.
Les règles de l’art pour le choix de l’épaisseur sont celles détaillées dans la norme NF DTU 26.2 « Travaux de bâtiment – Chapes et dalles à base de liants hydrauliques ». Ce Document Technique Unifié vise les mortiers de chape traditionnels qui lors de leur exécution sont damés puis réglés et éventuellement lissés suivant l’état de surface désiré.

Pour ce qui est des chapes fluides, ces produits sortent du champ d’application du DTU 26.2 car ils sont considérés comme non traditionnels. Il convient alors de se référer à l’avis technique CSTB du produit en question pour avoir des précisions sur les épaisseurs à respecter.

Une chape est un ouvrage de finition. Elle n’est pas structurelle. Elle est destinée à compléter le gros œuvre (dalle en béton, dallage, plancher, …) sur lequel elle repose soit directement, soit avec interposition d’une couche intermédiaire de désolidarisation ou d’isolation.

Les données essentielles pour le choix de l’épaisseur

1/ La sollicitation d’utilisation des locaux

Le choix de l’épaisseur minimale d’une chape dépend des sollicitations qui auront lieu à sa surface en condition d’utilisation. Le DTU 26.2 distingue 3 niveaux de sollicitations :

  • Locaux à faibles sollicitations : ils représentent la plupart des cas. Ce sont les locaux à usage pédestre et activités humaines usuelles, tels que locaux d’habitation, bureaux, boutiques, salles de classe, etc.
  • Locaux à sollicitations modérées : ce sont ceux à usage pédestre et subissant des sollicitations de roulage, telles que les galeries commerciales.
  • Locaux à fortes sollicitations : ce sont ceux soumis à des charges importantes, telles que les cuisines collectives.

2/ Le type de pose

Selon la technique de pose l’épaisseur minimale de la chape sera différente.
Voici les 3 types de pose classiquement rencontrées :

  • Chape rapportée adhérente : la chape est réalisée en adhérence directe sur le support en béton, sans couche intermédiaire. Cette technique, qui nécessite une préparation soignée du support, n’est possible que pour des supports relativement âgés (exemple pour les locaux à faibles sollicitations : 6 mois d’âge minimum pour un plancher, 1 mois minimum pour un dallage sur terre-plein).
  • Chape désolidarisée : la chape est réalisée sur une couche de désolidarisation. Cette couche a pour rôle d’éviter le contact et l’adhérence entre la chape et le support. Elle permet donc de limiter la fissuration de la chape. Pour les locaux à faibles sollicitations, elle est constituée par un lit de sable d’épaisseur 2 cm maxi, un film de polyéthylène, ou un feutre bituminé. La pose en désolidarisée est indispensable pour les supports récents.
  • Chape flottante : la chape est appliquée sur une sous-couche isolante. La sous-couche isolante peut être un isolant phonique et/ou un isolant thermique. Elle est placée entre le support et la chape. Au-delà de leurs performances thermiques ou phoniques, les sous-couches isolantes sont caractérisées par leur classe de compressibilité, SC1 ou SC2 (un isolant classé SC2 est plus compressible qu’un isolant SC1). La classe de compressibilité de l’isolant va conditionner l’épaisseur minimale de chape à respecter.

3/ La réservation dont vous disposez pour réaliser la chape

En partant de la réservation globale (épaisseur globale) dont vous disposez pour réaliser votre sol (intégrant ravoirage éventuel, sous couche éventuelle, revêtement de sol, etc), il est important de déterminer la réservation dont vous disposez pour réaliser votre chape. En fonction de celle-ci, vous pouvez être amenés à augmenter l’épaisseur de la chape au-delà de l’épaisseur minimale règlementaire.

Points de vigilance :

  • Dans tous les cas, la capacité portante du support doit être vérifiée et doit prendre en compte le poids propre de la chape, du ravoirage et/ou du revêtement éventuel.
  • L’incorporation dans la chape de canalisation (ou de gaine ou de fourreau) horizontale n’est pas admise. Il est donc nécessaire dans ce cas d’exécuter, en supplément, un ravoirage pour obtenir un nouveau support plan. L’épaisseur du ravoirage doit être telle que la génératrice supérieure de la canalisation (ou du fourreau ou de la gaine) du plus grand diamètre incorporé tangente le nu du ravoirage.
  • Le ravoirage peut également être mis en œuvre pour obtenir un niveau imposé (par exemple en cas de support non plan).
  • En fonction du type de pose et de la sollicitation d’utilisation du local, le DTU 26.2 peut imposer de renforcer la chape par un treillis (treillis soudé de mailles maximales 100×100 mm et de masse minimale 325 g/m2, encore appelé « treillis de carreleur »).

L’épaisseur minimale de mortier de chape à respecter

Voici les épaisseurs minimales à respecter ainsi que les armatures éventuelles pour les locaux à faibles sollicitations (locaux d’habitation, bureaux, boutiques, salles de classe, etc) :

  • Cas des chapes rapportées adhérentes : l’épaisseur minimale de la chape est de 3 cm ; le treillis soudé n’est pas nécessaire.
  • Cas des chapes désolidarisées : l’épaisseur minimale de la chape est de 5 cm ; le treillis soudé n’est pas nécessaire.
  • Cas des chapes flottantes : la chape doit comporter un treillis soudé de renfort. Son épaisseur minimum est de 5 cm en cas d’utilisation d’un isolant de classe SC1 et de 6 cm pour un isolant SC2. Sur isolant SC1, il est possible de se passer du treillis soudé à condition de porter l’épaisseur de la chape à 6 cm minimum.

 

Tableau récapitulatif pour les locaux à faibles sollicitations 
TYPE DE POSE EPAISSEUR MINIMUM CHAPE TREILLIS SOUDE
 Chape adhérente 3 cm Non nécessaire
 Chape désolidarisée 5 cm Non nécessaire
 Chape flottante – sous couche isolante de classe SC1 5 cm Treillis soudé de maille maxi 100x100mm et de masse mini 325g/m2
6 cm Non nécessaire
 Chape flottante – sous couche isolante de classe SC2 6 cm Treillis soudé de maille maxi 100×100 et de masse mini 325g/m2

 

Pour ce qui est des chapes d’enrobage pour les planchers chauffants, les épaisseurs à appliquer sont différentes et propres au type de plancher chauffant (plancher rayonnant électrique, plancher chauffant eau basse température, planchers chauffants réversibles, etc).

 

L’épaisseur chape étant fixée, avant de couler votre chape il est nécessaire de déterminer le positionnement des joints de dilatation, ensuite de calculer le volume de mortier dont vous avez besoin, puis de passer commande !

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