Le DTU 13.3 : conception, calcul et exécution des dallages

Le DTU 13.3 dallages : conception, calcul et exécution

Le DTU dallage définit les règles de conception et d’exécution des dallages en béton.

Voici les principaux points abordés dans ce DTU.

Généralités sur le DTU dalle béton

Les D.T.U. (Document Technique Unifié) sont des documents qui fixent les modalités d’exécution des ouvrages. Ces textes sont issus des règles de l’art qui ont été éprouvées par l’expérience. Depuis 1990, ils sont devenus des normes de mise en œuvre NF (Norme Française).

Le DTU 13.3 (norme NF P 11-213 révisée en décembre 2021) porte sur la conception, les règles de calcul et l’exécution des dallages en béton.

C’est une norme particulière, composée de deux parties principales (cahiers des clauses techniques) :

  • Partie 1-1-1 : cahier des clauses techniques types pour les dallages réalisés pour tous types d’ouvrages (y compris en béton non armé), hors maisons individuelles. Il concerne :

– Tout local industriel tel qu’usine, atelier, entrepôt, stockage, etc., quelles que soient ses charges d’exploitation (dallages à usage industriel).

– Les locaux, quelle que soit leur destination, soumis à une charge d’exploitation répartie supérieure à 10 kN/m2 ou concentrée supérieure à 10 kN.

– Les locaux commerciaux ou assimilés, tels que magasin, boutique, hall, réserve, chambre froide, soumis à des charges d’exploitation réparties, inférieures ou égales à 10 kN/m2 et concentrées, inférieures ou égales à 10 kN.

– Les locaux soumis à des charges d’exploitation inférieures ou égales à 10 kN/m2 réparties et/ou 10 kN concentrées et dont l’usage est le suivant : habitation collective ou hébergement, administratif ou bureaux, hôpital, clinique ou dispensaire, scolaire ou universitaire, salles de sport, de spectacle, d’exposition, lieux de culte, garages ou parcs de stationnement pour véhicules légers, bâtiment agricole.

  • Partie 1-1-2 : cahier des clauses techniques types pour les dallages de maisons individuelles.

 

Le DTU 13.3 comprend également deux autres parties :

  • Partie 1-2 : Critères généraux de choix des matériaux (CGM), commune aux deux CCT précédemment cités.
  • Partie 2 : Cahier des clauses administratives spéciales (CCS).

 

La suite de cet article est consacrée aux travaux de dallages de maisons individuelles (NF DTU 13.3 partie 1-1-2).

 

Définition d’un dallage selon le DTU 13.3 partie 1-1-2

Un dallage est un ouvrage en béton de grandes dimensions par rapport à son épaisseur, éventuellement découpé par des joints.

Il repose uniformément sur son support (sol naturel pouvant être enforcé par une couche de forme).

Une interface peut être éventuellement placée entre le support et la dalle de béton (film polyane ou isolant par exemple).

Le dallage peut intégrer une couche d’usure (durcisseur à base de quartz par exemple) ou recevoir un revêtement (peinture résine, carrelage, sol souple, etc).

 

dallage sur terre plein suivant le DTU 13.3

Définition d’un dallage sur terre-plein.

 

Caractéristiques du béton de dallage selon le DTU 13.3 partie 1-1-2

Le béton doit être conforme à la norme béton NF EN 206+A2/CN.

Sa classe de résistance minimale est C20/25.

Cela peut être un béton prêt à l’emploi livré par camion toupie (BPE) ou un béton fabriqué sur chantier (centrale de chantier ou bétonnière). Dans ce dernier cas il doit être dosé à 400 kg de ciment par m3 de béton (cf DTU 21).

La classe de consistance du béton est généralement S3, S4 ou S5.

En cas d’utilisation d’un béton S3 (consistance très plastique), celui-ci doit obligatoirement être vibré au moyen d’une aiguille vibrante ou d’une règle vibrante. En cas d’utilisation d’un béton fluide (S4) ou autoplaçant (S5), il n’y a pas besoin de vibrer le béton.

 

Conception du dallage selon de DTU 13.3 partie 1-1-2

Généralités

Il existe deux types de dallages de maisons individuelles :

  • le dallage solidarisé ;
  • le dallage désolidarisé.

les différents types de dallages selon le DTU 13.3

Les types de dallages.

 

Un dallage n’est pas un radier. En aucun cas, les dallages ne peuvent servir d’assise à des éléments porteurs.

Epaisseur du dallage

Les dallages de maisons individuelles doivent avoir une épaisseur minimale de 12 cm.

Armature du dallage

En partie courante, le dallage doit comporter une nappe de treillis soudé positionnée dans le tiers inférieur de l’épaisseur du dallage.

Le treillis doit être posé sur cales afin d’assurer un enrobage conforme au DTU 21 (cales de 2cm généralement).

L’armature doit représenter 0,2% de la section du dallage. Pour un dallage de 12cm d’épaisseur, cela conduit à utiliser un treillis soudé de type ST25C (treillis soudé à maille carrée de 150mm et de diamètre de fil de 7 mm).

Les dallages solidarisés doivent comporter en plus des « U » de fermeture au niveau des rives, en acier HA 8 tous les 150 mm et de longueur développée de 1,5m.

Joints de retrait

Le dallage étant conçu en béton armé, les joints de retrait ne sont à prévoir qu’en cas de surface supérieure à 240m2 et en cas d’angle rentrant. Dans ce dernier cas il convient de diviser la surface du dallage de façon à ne pas avoir de surface comportant un angle rentrant.

 

La qualification du sol support selon le DTU 13.3 partie 1-1-2

La reconnaissance géotechnique du sol

La reconnaissance géotechnique est obligatoire pour les maisons jumelées ou en bande ou les réalisations comportant plusieurs maisons (lotissement par exemple).

Elle est réalisée par un bureau d’études géotechnique et comporte :

  • une mission d’investigation (sondages et essais visant à qualifier les propriétés du sol) ;
  • un rapport d’étude donnant les recommandations pour le projet(couche de forme, technique d’amélioration du sol, drainage) ;
  • et éventuellement un prédimensionnement du dallage.

L’enquête de sol

Dans les autres cas où la reconnaissance géotechnique n’est pas imposée (cas d’un dallage de maison individuelle unique), il convient de réaliser une enquête afin d’obtenir les renseignements suivants :

  • absence d’anomalies liées au contexte régional (ancienne carrière souterraine, marnière,…) ;
  • terrain non inondable et absence de source ;
  • niveaux de la nappe phréatique plus bas que le dallage, quelle que soit la saison ;
  • sol non référencé comme sensible au retrait/gonflement ;
  • sol homogène sans point dur (rognon, blocs, ….) ;
  • absence de remblai récent ou évolutif ;
  • absence de végétation à proximité (éloignement > de 1 à 1,5 fois la hauteur de l’arbre adulte).

L’enquête est menée sur place, sur le terrain à construire, et auprès des services techniques municipaux.

 

Propriétés du support selon le DTU 13.3 partie 1-1-2

Le DTU impose de déterminer la portance du support (sol éventuellement renforcé par une couche de forme) par un essai à la plaque. Le module de déformation du support devant être au moins égal à 30 MPa/m pour un dallage de maison.

mesure de la portance du support du dallage

Essai à la plaque permettant de déterminer la portance du support.

 

Un bon indicateur pour savoir si votre sol est suffisamment porteur est de faire un essai d’orniérage en faisant faire passer dessus un véhicule lourd sur le support : il ne doit pas y avoir d’ornière après son passage. Sinon, il sera nécessaire de le renforcer par une couche de forme.

 

La couche de forme

La couche de forme permet d’augmenter la portance du sol support et sert d’assise stable au dallage.

Lorsqu’elle s’impose, elle doit avoir une épaisseur minimale de 20 cm.

Elle est généralement constituée par une couche de grave (mélange de sable et de gravillons concassés de type 0/31,5mm par exemple).

Sa mise en œuvre doit s’opérer par répandage et compactage (à l’aide d’une plaque vibrante par exemple) en couche régulière, dont l’épaisseur ne doit pas dépasser 20 cm par couche.

 

Etat de surface du support et interface

Le support doit être plan et régulier afin de ne pas générer de différence d’épaisseur dans la dalle.

Afin de désolidariser la dalle de son support et permettre le libre retrait du béton (et éviter ainsi sa fissuration), il est recommandé de placer une interface jouant le rôle de couche de glissement entre le support et la dalle.

Cette interface éventuelle est disposée directement sous le dallage. Cela peut être un film polyane d’épaisseur 150 microns ou une couche de sable de 5 cm (lit de sable).

En plus de constituer une couche de glissement le film polyane est également nécessaire pour les dalles intérieures afin d’éviter les remontées d’humidité.

Dans le cas ou un isolant sous dalle est prévu, le film polyane sera disposé sur l’isolation thermique. Le type d’isolant et sa classe de compressibilité doivent être adaptés.

 

film polyane pour dalle béton

Mise en place d’un film polyane de désolidarisation.

Etat de surface et finition du dallage

Les états de surface courants sont :

  • « brut de règle », réalisé par dressage à la règle ; pour les dallages destinés à recevoir des revêtements scellés (carrelage scellé par exemple) ou des chapes rapportées ;
  • « surfacé », réalisé par talochage manuel ou mécanique (hélicoptère à béton) ;
  • « lissé », réalisé par lissage manuel ou mécanique (hélicoptère à béton) ; pour les dallages destinés à recevoir un revêtement collé (carrelage collé par exemple) ou une couche d’isolation.
    Il est également possible de réaliser des états de surface particuliers tels que le béton balayé ou le béton matricé.

 

hélicoptère à béton

Surfaçage d’un dallage à l’hélicoptère.

Présence de canalisations, câbles électriques ou fourreaux

Ces éléments peuvent être :

  • placés sous le dallage (solution à privilégier) : dans ce cas la distance entre leur génératrice supérieure et la sous face du dallage doit être au moins égale à leur diamètre majoré de 5 cm ;
  • incorporés dans le dallage : dans ce cas leur diamètre ne doit pas excéder 1/5 de l’épaisseur du dallage. De plus leur enrobage et la distance horizontale qui les sépare doit être au minimum de une fois leur diamètre sans être inférieurs à 5 cm.

 

Réalisation d’un dallage selon le DTU 13.3 partie 1-1-2

Voici les étapes à suivre pour faire un dallage :

  1. Délimitez votre dalle avec des piquets et un cordeau.

  2. Décaissez le terrain à la profondeur souhaitée, sachant que la sous-couche doit faire 20 cm d’épaisseur, auxquels s’ajoutent 12cm minimum de béton pour votre dalle.

  3. Préparez le sol support : déposez une couche de grave sur 20 cm et compactez la à l’aide d’une dame manuelle ou d’une plaque vibrante.

  4. Vérifiez le niveau du support : le niveau du support est celui du dallage fini diminué de son épaisseur, avec une tolérance de +/-10mm.

  5. Réalisez le coffrage : les planches de coffrage délimitent la surface à bétonner et maintiennent le béton en place jusqu’au durcissement. Les coffrages servent également d’appui pour le tirage du béton à la règle.

  6. Mettez en place une interface éventuelle : lorsqu’elle est nécessaire, elle doit reposer sur le support de façon continue. Si cette interface est un film polyane, les lés doivent avoir un recouvrement de 20 cm minimum.

  7. Mise en place des armatures : les armatures doivent être calées et leur enrobage doit être conforme aux règles en vigueur.

  8. Mise en œuvre du béton : pour le coulage du béton, optez pour du béton prêt à l’emploi livré par camion toupie afin de vous faciliter le coulage et être sûr d’avoir un béton de qualité.

  9. Curez : la surface du béton frais doit faire l’objet d’une cure par pulvérisation d’un produit de cure, afin d’éviter l’évaporation trop rapide de l’eau du béton générant retrait un retrait important et de la fissuration visible sur la face supérieure du dallage.

  10. Sciez les joints de retrait : les joints de retrait doivent être sciés sous 48h à l’aide d’une scie à sol. Ils intéressent le tiers supérieur de l’épaisseur du dallage.

 

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